« Aimons, aimons notre bien-aimé qui nous parle… Écoutons-le amoureusement avec le zèle de l’amour… Faisons à toute parole des Livres Saints, au fond de nos coeurs, l’accueil amoureux de l’épouse entendant la voix de l’Époux : « Mon âme s’est fondue en moi quand il a parlé. »« 1 Frère Charles avait un attachement charnel à la Parole de Dieu et à l’Eucharistie.
Nous en avons fait le fil rouge de notre rencontre nationale des 14, 15 et 16 novembre 2025 à Orsay, éclairé par Xavier Chavane, notre prêtre accompagnateur et Guy Thomas, membre de la fraternité de Grenoble.
Frère Charles et la méditation des Évangiles
La Parole était au coeur de la vie de frère Charles et tout spécialement les Évangiles. Chaque jour et jusqu’à la fin, il les médita avec le désir de connaître, de comprendre et d’imiter Celui qu’il aimait :
Celui qui aime ne se contente pas d’écouter les paroles de l’être aimé comme une mélodie chérie, il tient à saisir, à comprendre les moindres mots ; il y tient d’autant plus qu’il aime davantage. »2
Les méditations de Charles de Foucauld datent de son séjour à Nazareth (1897-1900). Sur le conseil de l’abbé Huvelin, il écrit « pour préciser et fixer l’esprit ». S’il est vrai qu’il a pratiqué la lectio divina chez les trappistes, ses méditations sont d’un autre ordre. Elles sont le fruit d’un tête à tête et d’un dialogue intime avec le Seigneur. Souvent, comme dans la prière d’abandon que nous connaissons bien, il y fait parler Jésus.

Plusieurs méthodes de méditations pratiquées par Frère Charles :
Trouvez le temps d’une lecture de quelques lignes des Saints Évangiles en prenant chaque jour à la suite, de manière qu’en un certain temps il passe entièrement sous vos yeux, et après la lecture (qui ne doit pas être longue : dix, quinze, vingt lignes, un demi-chapitre au maximum), méditez pendant quelques minutes mentalement ou par écrit sur les enseignements contenus dans votre lecture. Il faut tâcher de vous imprégner de l’esprit de Jésus en lisant et relisant, méditant et reméditant sans cesse ses paroles et ses exemples : qu’ils fassent dans nos âmes comme la goutte d’eau qui tombe et retombe sur une dalle toujours à la même place. » (à Louis Massignon en 1914)
Quand la Parole de Dieu se donne ailleurs que dans la Bible…
Frère Charles savait aussi que Dieu peut choisir d’autres moyens pour s’adresser à nous :
Écoutons, lisons, recevons amoureusement toute parole du Bien-Aimé partout où elle se présentera à nous, dans les livres, dans la conversation, dans la récitation de l’office… »
À ce sujet, Adrien, membre d’une toute jeune fraternité à Saint-Quentin dans l’Aisne et participant de cette rencontre nationale, nous a laissé un très beau témoignage sur ce qu’il appelle « ses chemins de traverse avec la Parole ». Nous en partageons la lecture ici :
Frère Charles et l’Eucharistie
Les deux tables de la Parole et du Pain sont inséparables dans la vie de frère Charles. Sa relation à l’Eucharistie et à la Parole expriment la même foi : c’est Jésus présent à ses côtés, de manière infiniment réelle, vivante, agissante.
Dans les Règlements des Petits frères du Sacré Coeur, il voit s’exprimer ce caractère indissociable de la Parole de Dieu et du Très Saint Sacrement dans un détail de la chapelle :
Par vénération de la Parole de Dieu, nous avons perpétuellement ce livre, notre trésor, dans le sanctuaire, à côté du Très Saint Sacrement sous les rayons de la lampe du tabernacle, qui brûle de vent le Corps de notre Dieu et devant la Parole sacrée. »3
Le regard figé sur Jésus, frère Charles se laisse transformer par la Parole et par l’Eucharistie, poussé à devenir le « petit frère universel ». Il ne cherche rien d’autre lorsqu’il va à l’extrême du désert, jusqu’au plus lointain des hommes, auprès des Touaregs.
Il n’y a pas, je crois, de parole de l’Évangile qui ait fait sur moi une plus profonde impression et transformé davantage ma vie que celle-ci : « Tout ce que vous faites à un de ces petits, c’est à moi que vous le faites. » Si on songe que ces paroles sont celles de la Vérité incréée, celle de la bouche qui a dit « Ceci est mon corps… Ceci est mon sang », avec quelle force on est porté à chercher et à aimer Jésus dans « ces petits, ces pécheurs, ces pauvres » (à Massignon en 1916)