Évangile selon Saint Matthieu 25,1-13
La parabole des vierges sages et des vierges folles…
Veillez donc car vous ne savez pas l’heure …
Merci, mon Dieu, de nous répéter sous tant de formes cet enseignement, « veillez », que vous savez nous être si nécessaire. Mon Dieu, dire une fois à vos pauvres créatures ce qu’elles ont besoin de savoir pour vous plaire, n’était-ce pas déjà « la grâce des grâces », la faveur des faveurs ! Leur donner une fois pour toutes le moyen de faire votre volonté en cette vie et de passer l’éternité à vos pieds au paradis, n’était-ce pas déjà un tel bienfait que la divine bonté elle-même pouvait en être satisfaite ?.. Cela n’a pas été assez pour votre cœur !.. Ces enseignements, vous nous les répétez mille et mille fois, et vous les accompagnez de tous les avis utiles pour les suivre facilement, pour vaincre les tentations ; vous nous répétez et nous répétez de les suivre ; vous nous exhortez sans relâche, et jusqu’à la porte de la mort, à nous y conformer, employant vos derniers jours non pour vous, à vous recueillir en face de la croix, mais pour nous, vous oubliant sans mesure pendant toutes ces dernières journées, à nous exhorter, à nous répéter : « Veillez. »
Ce que vous nous apprenez ici, c’est ce que tant de saints et de solitaires ont pratiqué : penser à la mort, penser à cette heure, inconnue et terrible… Nous dire chaque jour : nous serons peut-être morts ce soir… Et agir à chaque instant comme si cet instant devait être le dernier de notre vie. Que ferions-nous, si cette heure devait être notre dernière heure ? Nous ferions le plus parfait, ce qui vous plairait le plus ; et pourquoi ne le faisons-nous pas déjà ? Quelle excuse peut-il y avoir à notre tiédeur, à notre peu de soin de vous plaire ? Ce que nous ferions par peur, nous ne le faisons pas : hélas ! Nous ne vous aimons donc pas!… Ô mon Seigneur Jésus, faites-nous la grâce de faire par pur amour, à chaque instant de cette vie, ce qui vous plaît le plus, et qu’ainsi la mort nous trouve agissant à cause de vous seul, comme nous agirions à cause d’elle si nous pensions à nous seuls… Cette crainte de la mort est pourtant un bien et une grâce puisque vous nous l’inspirez et qu’elle met un frein si salutaire à nos mauvaises actions… Mais il y a une grâce plus grande, un bien plus grand, c’est de faire par amour pur de vous, ô mon Sauveur, tout ce qui vous plaît le plus, au lieu de le faire par crainte de l’enfer, ou par désir de vous posséder ; quelque naturels et bons que soient ces deux sentiments, le premier est meilleur, et combien je vous supplie de le mettre toujours, toujours dans mon cœur et de faire qu’il inspire toutes les pensées, les paroles, les actions de ma vie, tous mes instants, ô mon bien-aimé et béni enfant Jésus [1]!
[1] M/156, sur Mt 25,1-13, en C. DE FOUCAULD, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 25-27.